L’INCLUSION FINANCIÈRE POUR LE DÉVELOPPEMENT DE MADAGASCAR

Dans un pays où une grande partie de la population vit dans la pauvreté et un accès limité aux services financiers formels, l’inclusion financière peut jouer un rôle transformateur. En plus de permettre à un plus grand nombre de personnes d’accéder à des services financiers favorables et adaptés à leurs besoins, elle favorise l’autonomisation économique, améliore les conditions de vie et ouvre des perspectives de développement durable. Dans cet article, faisons le point ensemble sur l’impact de l’inclusion financière effective à Madagascar.

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Diagnostic de l’inclusion financière à Madagascar

L’inclusion financière, c’est le fait de permettre à l’ensemble de la population d’accéder aux services financiers de base qui ont pour but d’améliorer leur quotidien. Le but est que toute personne puisse avoir cet accès, quel que soit son revenu mensuel. Les services financiers dits basiques sont les comptes bancaires, les moyens de paiement numériques, les crédits et les assurances.

Instaurer une inclusion financière dans un pays, c’est aussi informer les personnes qui ont une situation financière délicate et les protéger en imposant des mesures comme le plafonnement des frais d’incident, l’offre spécifique clientèle fragile, le traitement du surendettement et l’éducation financière. Selon une enquête de 2018, seuls 18 % des adultes malgaches ont accès à ces services financiers indispensables, cela inclut aussi bien les services formels que les services informels. Des écarts sont constatés entre les hommes et les femmes, mais aussi entre les zones urbaines et les zones rurales.

Facteurs bloquants de l’inclusion financière à Madagascar

Ces chiffres alarmants ont poussé le gouvernement Malgache et les gouvernements étrangers à mettre en place des stratégies poussées pour accélérer l’inclusion financière à Madagascar. Malgré les avancées constatées, plusieurs obstacles persistants entravent son plein développement. Tout d’abord, l’accès limité aux services financiers dans les zones rurales et éloignées constitue l’un des principaux blocages. Les infrastructures financières sont souvent concentrées dans les zones urbaines, laissant ainsi les populations rurales sans accès aux produits et services financiers essentiels.

De plus, le manque de sensibilisation et d’éducation financière joue un rôle majeur. De nombreux Malgaches, en particulier ceux issus des milieux défavorisés, n’ont pas les connaissances nécessaires pour comprendre et utiliser efficacement les produits et services financiers. En dehors, les exigences et les procédures complexes pour accéder aux services financiers peuvent décourager les individus à faible revenu, qui se retrouvent souvent confrontés à des barrières administratives et à des critères stricts.

Les stratégies adoptées pour accélérer l’inclusion financière à Madagascar

Différents projets ont été menés pour favoriser l’inclusion financière à Madagascar. En 2018, l’Association internationale de développement (IDA) a utilisé 45 millions de dollars pour promouvoir l’inclusion financière des particuliers, des microentreprises, des petites et moyennes entreprises à Madagascar. Ce projet a aussi ciblé les enseignants, les étudiants, les entreprises féminines et les fournisseurs d’argent mobile.

Vient ensuite le projet de l’UNCDF lancé en 2020, qui a pour objectif de faciliter l’accès aux capitaux publics et privés aux populations les plus démunies. Ce projet a été financé par le Fonds des Nations Unies pour la Consolidation de la Paix, la FAO, l’UNESCO et l’UNCDF. En tout, 259 groupes ont été répartis sur 6 communes.

Depuis, le gouvernement et les différents partenaires dont l’UNCDF ont entrepris plusieurs activités pour favoriser l’inclusion financière à Madagascar :

  • Développer les capacités des bénéficiaires : l’UNCDF a conclu un partenariat avec l’Association Professionnelle des Institutions de Microfinance (APIMF) pour lutter contre l’analphabétisme et la faiblesse de connaissances en matière de finance. Des activités d’éducation financière ont été lancées, se traduisant par des formations. À l’heure actuelle, plus de 10 000 malgaches adultes en ont bénéficié.
  • Équiper les bénéficiaires : le programme de l’UNCDF a inclus également l’apport de téléphone mobile avec carte SIM à tous les groupes d’épargnes pour que les bénéficiaires puissent épargner et emprunter grâce aux services financiers mobiles comme Orange Money, Mvola ou Airtel Money. Cette stratégie concerne particulièrement les zones rurales reculées où les banques sont très rares, voire même inexistantes.
  • Favoriser les nano-prêts sans paperasse et accompagner les bénéficiaires dans leur parcours client. Les services mobiles comme Orange Money ou Mvola proposent désormais des nano-prêts sans paperasse à toute personne disposant d’une carte SIM avec une ancienneté de 3 mois. Si encore peu de clients à faible revenu ont accès aux crédits bancaires, ce sont eux que ciblent les services mobiles. Issus de partenariats entre les opérateurs d’argent mobile et les institutions financières, les « nano-prêts » représentent aujourd’hui une révolution pour les personnes à faible revenu ou habitant dans les régions reculées. Grâce à ces offres, les clients peuvent obtenir un prêt en quelques secondes sans avoir à préparer un dossier ou à se déplacer. L’éligibilité de chaque client est définie en fonction de ses dossiers de téléphonie mobile et d’argent mobile.

L’impact attendu de l’inclusion financière effective à Madagascar

L’inclusion financière a pour but d’impacter positivement les domaines les plus importants dans le quotidien des Malgaches. Si l’inclusion financière est atteinte à Madagascar, l’objectif est qu’elle puisse faciliter l’accès à une gamme de produits et services financiers, notamment :

  • Le crédit pour les entreprises, les particuliers et les agriculteurs : l’inclusion financière pourrait aider les entreprises et les particuliers à accéder aux petits prêts pour leur développement. Ils seront disponibles tant pour les individus que pour les groupes qui se portent mutuellement garants. De même pour les agriculteurs et les entreprises rurales qui ont des besoins spécifiques en matière de prêt, l’inclusion leur permettrait d’accéder à des produits de financement agricole conçus pour s’adapter aux caractéristiques saisonnières de l’activité agricole et aux particularités de la vie rurale.
  • L’épargne : tout le monde, indépendamment de son niveau de revenu, a besoin d’un endroit sûr pour épargner. Cependant, de nombreuses personnes à faible revenu n’ont pas accès aux services d’épargne formels. Voilà pourquoi le gouvernement soutient le développement de l’épargne informelle, comme les groupes d’épargne, les épargnes à la poste et les services mobile money.
  • La santé : les produits de financement de la santé, l’assurance et l’épargne peuvent aider les individus à faible revenu à gérer leurs dépenses médicales. Certaines institutions proposent aujourd’hui des services non financiers notamment, des séances d’éducation à la santé, de sensibilisation sur la prévention des maladies et des réductions sur le prix des services médicaux. Autre démarche, financer des services d’eau et d’assainissement pour améliorer la santé de la population.
  • L’éducation : des budgets et des crédits consentis doivent être offerts aux écoles, collèges et lycées afin d’offrir un accès à une éducation de qualité. Le gouvernement est conscient que l’éducation est un facteur clé pour sortir de la pauvreté et qu’elle peut soutenir l’inclusion financière. Les institutions proposent désormais des prêts étudiants, des canaux digitaux de règlement des frais de scolarité et d’autres offres financières visant à améliorer le quotidien des familles à faible revenu.

En conclusion, l’inclusion financière est un enjeu crucial pour le développement économique et social de Madagascar. En facilitant l’accès aux services financiers adaptés, elle contribue à réduire la pauvreté, à promouvoir l’entrepreneuriat et à améliorer les conditions de vie des populations vulnérables.









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